samedi 4 juillet 2009

Va jouer dans la cour

Je voudrais écrire tout le temps.  Mais on travaille si fort.  Je voudrais capturer les images de ce que l’on vit toutes les heures, pour vous les offrir en grands bouquets dépareillés, pour pouvoir en garder une trace pour plus tard aussi, pour les mettre à sécher entre les pages des livres que j’ai traînés et que je ne lis pas:  je voudrais écrire tout le temps mais parfois aussi, faut bien le dire, quand  on rentre après la répétition, c’est impossible de savoir quoi dire.  Il y a des moments où on ne sait plus rien.  On a mal.  On est épuisés.  On a faim et on recommence tantôt.  Alors on se tait et on prend des forces.

Dimanche dernier on est entrés dans la cour, pour la première fois, ensemble.  Il y avait Marie et Catherine, Isabelle, Richard et Mireille, Jean, Yannick, et peut-être d’autres aussi, je ne me souviens déjà plus.  Yann faisait des tests de sons, donc quand on est montés sur la scène, “In the mood for love” jouait, vaste et doux, et c’était beau, beau, beau comme une scène de film.  On a pleuré.  De joie, je pense, et aussi d’inouï, d’inespéré, de beauté gratuite, de beauté folle.  J’ai pensé très fort à Anne-Marie, Olivier, Jacinthe. On a ri aussi, et on a dansé un peu.  

C’était moins immense que dans mon souvenir, moins intimidant, c’était plus enveloppant que ce que j’avais fini par me figurer.   Il y avait le violon partout, et mes amis émus, les yeux levés vers les sièges vides, et il y avait les hirondelles qui tournoyaient au-dessus de nos têtes bénies.   Les murs sont si hauts, que c’est cette dimension de l'endroit qui est la plus imposante.  Pas les deux milles places.  Pas la grandeur du plateau.  Le plateau est bien, le plateau est parfait.  La verticalité de l’endroit est très impressionnante, mais bizarrement, rassurante:  quoi qu’il arrive, le ciel est proche.  

Dimanche dernier on a fait ça.  Ça semble déjà loin.

C’était le soir, vers sept heures, la lumière était belle et nous avons marché pour la première fois sur la scène de la Cour d’honneur.  Debout dans nos vertiges, nos robes d’été, nos frayeurs les plus intimes, nos courages les plus sauvages.  Debout, déjà, dans nos souvenirs.

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