dimanche 12 février 2012
mardi 18 octobre 2011
J'ai des sentiments
C’est l’automne et je sais pas si c’est parce que je travaille avec presque juste des filles, je sais pas si c’est la pièce qui nous retourne le coeur comme une chaussette, qui nous laisse comme dénudées, tous nos chagrins offerts à la galerie, le paquet d’allumettes dans la main et plus de voix pour finir la dernière réplique, je sais pas si c’est cette histoire de soeurs, amour fou qui se cabre, je sais pas si on a besoin de dormir, de hurler ou de faire silence, mais on dirait qu’il n’y a pas assez de place dans mon corps en ce moment pour tout ce qui s’y bouscule.
J’ai envie de lire, lire, lire jusqu’à me perdre, m’oublier, ne plus me connaître. J’ai envie de chanter et j’ai encore plus envie d’écrire des chansons, déchirantes, ruineuses, éperdues, palpitantes. J’ai envie de sacrer mon camp et pis non, j’ai pas envie, j’ai envie de brasser de l’air, j’ai envie d’envoyer des tonnes de choses par la poste, j’ai envie de n’avoir pas de sens - j’ai envie d’être dans un roman de Ducharme, j’ai envie de nuits blanches et de voir le soleil se lever sur la ville, je me contiens pas, j’aime ça pis j’aime pas ça, je comprends rien. J’ai le goût de faire des choses sublimes. J’ai le goût de lancer des affaires. J’ai le goût de manifester. J’ai le goût d’avoir sept robes et de changer tous les jours. J’ai le goût d’appeler du monde que je connais pas.
À la place de toute ça, parce que mon horaire est comme qui dirait complet, je me couche à onze heures max, je lis juste dix pages puis je tombe de sommeil, et le jour, le jour je cours d’une place à l’autre comme un petit soldat qui comprend pas c’est quoi le conflit.
C’est quoi l’affaire?
C’est-tu juste parce que je manque de lumière?
dimanche 28 août 2011
ton corps est une forêt
samedi 20 août 2011
Quelques (minuscules) bleus
samedi 9 juillet 2011
Vacance
vendredi 3 juin 2011
Jaune beurre gris débris
jeudi 23 décembre 2010
Moi c’est la neige
Il y a des gens qui ne peuvent pas supporter juillet. Les nuits douces, l’air dehors, à la même température que celle du corps, la sueur salée, les concerts en plein-air. Les plaines, la lune, les vacances. Les pique-niques. Être nu pieds, être en robe, danser et puis manger tard, avec les doigts, des légumes cuits au barbecue, rien qui est prêt au bon moment. Le rosé. Le soleil. La mer, la route. Le melon d’eau. Cracher les pépins. Avoir du jus sur le menton. Être beau et collant, et bronzé, et heureux.
Il y en a qui ne peuvent pas venir voir l’automne. Les foulards et la laine, et la rentrée, l’odeur du papier neuf, livres, cahiers, crayons de bois. Les cours de natation. Reprendre. Comprendre. Apprendre une langue. Les petits bonnets, les gants, les joues roses et la buée qui sort de la bouche comme un signal, le froid piquant, le chaud moelleux, le marché et les pommes cuites, prendre des marches, faire des feux, guetter les étoiles dans le ciel étonnament clair de septembre, voir les jours raccourcir. Manger des huîtres. S’envelopper. Porter des jupes longues et des chemises. Avoir une nouvelle coupe de cheveux. Être brillant et lire des poèmes à haute voix, le soir, avant de dormir. Boire du thé. Essayer d’écrire.
Et puis pour presque tout le monde, il y a le printemps, bien sûr. Arbres et bourgeons et fleurs et pollens, bien sûr, et les abeilles, et les oiseaux. Piailler. Chanter dans la rue. Sortir dehors en souliers pour la première fois. Retrouver ses lunettes fumées. Avoir envie de déshabiller tout le monde. Poser les lèvres sur les cous soudain découverts, sur la peau retrouvée, jambes nues, épaules nues, têtes nues. Fièvre. Sève. Changer l’heure. Fondre et regarder fondre. Et les rivières en crue. Asperges, têtes de violons. Être neuf. Être en voyage. Appeler, attendre, et espérer, violemment, espérer.
Moi c’est la neige.
Quand il y a cette neige-là qui tombe, simple, nue, vraie - quand il y a cette neige lente, et sincère, et pure, qui tombe dans la nuit, c’est comme si tout ce qu’il y a d’intact en moi se levait debout. Moi c’est à ce moment-là que pour quelques secondes, parfois - je n’en peux plus d’être toute seule.
Le reste du temps ça va.
Le monde, au début, a peut-être juste été neigé. Beaucoup de paix. Beaucoup de blanc. Et les choses qui dormaient en-dessous.
Parfois je pense qu’il n’y a pas eu de big bang. Il y a juste eu une première neige.