mardi 10 août 2010

attendre longtemps

ce que je donnerais pour
savoir ce que savent les hérons
debout dans le bruit de plumes de la paix
veilleurs du bord du monde
absorbés dans la contemplation ardente
du temps rendu à sa vraie mesure
fleuve soleil vent courants
petits poissons entre les pattes
manger
regarder
migrer
attendre
attendre longtemps
apprendre la patience
débusquer l'infini caché dans les marées
apaiser l'eau brouillée
fragile tenace
tranquille

ce que je donnerais
mes deux pieds dans la boue
ne plus douter de rien

sage comme une bête
farouche vivante brave
certaine
comme un oiseau

vendredi 6 août 2010

Tout ce qui vit

la blancheur de la chambre
coton humide autour du cœur
je ne sais plus où poser mon chagrin
au bord de quel cahier
au fond de quelle armure
au bout de quel voyage
avant tu étais loin
avant tu étais
impossible impensable
protégé
maintenant tu es juste là
aussi vrai qu’un jardin
mais tu ne reviens pas
tu ne me reviens pas
je ne sais plus où
comment
dormir
parler
écrire
je ne sais plus où comment
appeler

j’ai prié pour que tu viennes
à genoux dans le printemps
un jour de fin crachin
prière en forme de poème
église en forme de cuisine

j’ai dit poudroiement secret du cœur
petites ailes fragiles au creux de la poitrine
si tu touches ça meurt
j’ai dit serrements sarments
j’ai dit océan
un jour de fin crachin
pliée penchée couchée sur le plancher
j’ai prié
prié pour que tu m’aimes
j’ai dit les yeux fermés
choses douces choses folles choses sublimes
ta vie ma vie bercées traversées
inventées

et il y eut une nuit
mais la splendeur les tremblements n’ont pas suffit
il y eut un matin

tu es venu
tu es parti

et au lieu de t'écrire
je t’ai fait un jardin