mardi 18 octobre 2011
J'ai des sentiments
C’est l’automne et je sais pas si c’est parce que je travaille avec presque juste des filles, je sais pas si c’est la pièce qui nous retourne le coeur comme une chaussette, qui nous laisse comme dénudées, tous nos chagrins offerts à la galerie, le paquet d’allumettes dans la main et plus de voix pour finir la dernière réplique, je sais pas si c’est cette histoire de soeurs, amour fou qui se cabre, je sais pas si on a besoin de dormir, de hurler ou de faire silence, mais on dirait qu’il n’y a pas assez de place dans mon corps en ce moment pour tout ce qui s’y bouscule.
J’ai envie de lire, lire, lire jusqu’à me perdre, m’oublier, ne plus me connaître. J’ai envie de chanter et j’ai encore plus envie d’écrire des chansons, déchirantes, ruineuses, éperdues, palpitantes. J’ai envie de sacrer mon camp et pis non, j’ai pas envie, j’ai envie de brasser de l’air, j’ai envie d’envoyer des tonnes de choses par la poste, j’ai envie de n’avoir pas de sens - j’ai envie d’être dans un roman de Ducharme, j’ai envie de nuits blanches et de voir le soleil se lever sur la ville, je me contiens pas, j’aime ça pis j’aime pas ça, je comprends rien. J’ai le goût de faire des choses sublimes. J’ai le goût de lancer des affaires. J’ai le goût de manifester. J’ai le goût d’avoir sept robes et de changer tous les jours. J’ai le goût d’appeler du monde que je connais pas.
À la place de toute ça, parce que mon horaire est comme qui dirait complet, je me couche à onze heures max, je lis juste dix pages puis je tombe de sommeil, et le jour, le jour je cours d’une place à l’autre comme un petit soldat qui comprend pas c’est quoi le conflit.
C’est quoi l’affaire?
C’est-tu juste parce que je manque de lumière?
dimanche 28 août 2011
ton corps est une forêt
ton coeur c'est le chalet
les cercles de lumière sous les lampes
des ailes qui filent
petits bruits d'herbe d'aiguilles d'eau
insectes fous
pattes de souris
thé au jasmin
temps
rivière
galaxie
et le grand calme gris acier
paix sombre
mémoire étale
comme une sorte d'amnistie
le lac
réponse sybilline
à la vaste question qu'est ta vie
et un huard
et ton père qui sourit
samedi 20 août 2011
Quelques (minuscules) bleus
parfois je me demande
où est le sens
vers quoi
les fils se tendent
poèmes illisibles
routes espoirs
impraticables
je suis debout ici depuis si longtemps
et
tu l'as dit
tu ne m'avais jamais vue avant
samedi 9 juillet 2011
Vacance
Églantine sel algue sèche
l'odeur de ton île
le ciel comme une robe trop grande
le fleuve comme un amant qui bouge un peu en dormant
la lumière sur ta vie
écoute
tu ne sais jamais quand le chemin commence
ni où il finit
tu ne sais rien
ni l'heure ni ta chance
juillet et le silence
le vent dans les histoires
qui s'agitent doucement au fond de ta tête
vastes oiseaux qui s'ébrouent
les trésors que tu glanes
dans le sable mouillé de matin et d'espoir
brillent au soleil
comme tu me manques
même ici
baignée de mille grâces éblouissantes
parfumées
vivaces
sauvages
quelqu'un manque
vendredi 3 juin 2011
Jaune beurre gris débris
Cette lumière-là
jaune
tenace
dense
sous les nuages gris foncés
cette lumière-là
c'est comme avoir des nouvelles de toi
sans l'avoir cherché
c'est tout à coup le savoir
où tu seras tout l'été
le savoir et ne plus l'oublier
cette lumière-là
me prend le coeur
le tord
et le laisse là
et quand ça arrive le même soir
lumière d'automne en juin
et ton nom
ton nom
ton nom
je te raconte pas
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