mercredi 4 novembre 2009

Lovely




À Londres, tous les musées sont gratuits. Ce qui fait qu’ils sont remplis de gens. Samedi dernier, c’était l’Halloween, et la Tate Britain était pleine à craquer d’enfants. C’était de toute beauté. Il y en avait partout, partout, partout, il y en avait dans presque toutes les salles et il y en avait au beau milieu des halls, des couloirs, des escaliers. Ils bricolaient des squelettes, des araignées ou des citrouilles, ils se faisaient raconter des histoires de peur, ils se faisaient tirer le spooky portrait dans une cabine genre photomaton patentée, ils ont même eu droit à un opéra japonais devant une citrouille géante au milieu des portraits des Tudor. Il y avait du papier, des ciseaux, de la colle et des retailles de carton partout. Quand je dis partout, je veux dire partout. Il y avait des enfants partout. Couchés par terre, assis dans les coins, avec leurs parents, ils étaient chez eux. C’était bouleversant, je vous jure. C’était la fête et ça se passait au musée, dans ce lieu d’art investi par les familles, une vraie rencontre entre les enfants, et la beauté, et le plaisir. Je suis certaine que ces petits Anglais vont fréquenter les musées toute leur vie. Parce qu’on leur montre qu’ils y sont les bienvenus. Parce qu’on leur apprend, avec raison, que rien n’est hors de leur portée. C’était absolument réjouissant, et j’étais bien contente d’avoir à enjamber tout ce beau monde pour aller lire le nom des tableaux. Ça m’a émue à mort. Une société qui réussit à remplir ses musées d’enfants, et si joyeusement, c’est admirable.

Le rapport à la culture en général m’a complètement renversée. À Londres, la culture est conviviale. Mais vraiment. Hier soir, au show de danse qu’on est allées voir, les trois filles à côté de moi avaient leur bouteille de vin blanc en-dessous du banc et partageaient un verre aux entractes. C’était de la danse contemporaine, la salle était immense et c’était pratiquement complet, et on pouvait manger de la crème glacée ou boire une Guinness pendant la représentation. Il y avait plein de bandes d’amis, et des gens de tous les âges. Avec les filles on s’est pris une salade qu’on a mangée assises par terre dans un coin à la première pause, et c’était tout ce qu’il y avait de plus naturel, et j’ai beau chercher, je ne connais pas de salles de spectacle chez nous où je me sente si simplement accueillie comme spectatrice. Mais c’est un état d’esprit général, en fait. Ce n’est pas tant la salle que les spectateurs. Ce n’est pas tant Londres que les Londoniens.

Aaaahhh, les Londoniens. Qui sont tous bien habillés (on a beau dire, mais un homme avec un manteau qui a de la gueule ou un veston bien coupé, ça fait quand même fléchir le genou plus facilement). Qui veulent tous porter votre valise énorme. Qui viennent à votre rencontre pour vous aider quand vous affichez un air un peu perdu devant un plan, et qui ont cet accent charmant pour vous montrer le chemin. Qui vous offrent le champagne s’ils ont fait une erreur dans votre réservation pour le traditionnel afternoon tea, et qui ont avisé le chef que c’était votre anniversaire quand vous revenez le lendemain...

Sans blagues, ces gens sont délicieux.

J’ai eu vingt-neuf ans là-bas, sur les hauteurs de la London Eye, à 135 mètres au-dessus de la Tamise, d’où je voyais l’eau en-bas, le temps en-dedans et des dizaines d’avions dans le ciel de Londres, filer, filer, filer à toute vitesse et dans tous les sens.

3 commentaires:

  1. Comme je te retrouve ma belle grand fille ébahie par les enfants et leur vivance : ici, maintenant, on joue et c'est sérieux. Comme je te voie souriante et présente à tout ce grouillage, à toute cette culture à toute cette façon de vivre. Comme je t'imagine le petit doigt en l'air boire le thé et le champagne pour célébrer la vie!!! Je t'embrasse. Je t'aime forever.

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  2. WOW! On se croirait dans LA DÉTRESSE ET L'ENCHANTEMENT ;-)

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  3. Mouin, le bout que j'ai pas encore réussi à lire...

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