lundi 19 octobre 2009

Je n'ai pas peur de la route

Avant-hier j’étais à Nantes. Dans un lieu très étrange. Un divan-lit ouvert tout le jour. Des couvertures bleues en polar, deux, pourtant pas suffisantes pour me tenir chaud. Je dormais avec des chaussettes qui montaient jusqu’aux cuisses et un chandail à manches longues. Plus une écharpe, au début de la nuit. Il y avait là aussi: des roses de toutes les couleurs, achetées pour célébrer mon dos blessé qui allait mieux, des citrons en quantité parce qu’ils vendaient le filet seulement un euro quinze au Marché Plus d’à côté , un sèche-cheveux local (j’ai fini par céder, je déteste avoir les cheveux humides, j’ai acheté un séchoir, salut les écolos comme dirait mon amie Anne-Marie), une télé à écran plat que je n’ai jamais allumée, quelques cadres sous le thème “voiles, mer et marins”, sans doute pour s’accorder au slogan de l’établissement (Cap sur les affaires, pour cadrer avec la Bretagne environnante, un bijou de cohérence tout ça, ça fait chaud au coeur du voyageur), des maringouins, toujours deux ou trois, une grande douche, des rideaux, des fins blancs en mousseline, et aussi des bleus plus lourds. Un épais tapis bleu roi. C’était très calme. Ça sentait bon, ça sentait les draps propres. Le savon blanc. Malgré tout je pense que l’air n’était pas super, et le lit était très inconfortable.

J’ai passé deux semaines là-bas. C’était une chambre trop petite (on pouvait à peine faire le tour du lit), pas spécialement jolie.

Mais. Comment dire.

Un jour pendant la première semaine, j’étais là-dedans, dans cette espèce de cabane impersonnelle, à faire mes petites affaires (cap sur mes petites affaires), ranger un peu, changer l’eau des fleurs, je sais pas quoi - et je me suis dit: cet endroit est complètement artificiel, et objectivement c’est très curieux de vivre ici, d’essayer de vivre normalement ici. C’est contre-nature. C’est presque un décor. C’est extrêmement bizarre d’être ici.

Et ce qui est encore plus bizarre, c’est que je me sens chez moi. Je trouve ça presque plus normal d’être là, dans cette chambre-là, que dans mon appartement. Depuis quatre ans, j’ai passé plus de temps dans des no-where que dans de vraies habitations. Je me suis doucement déséquilibrée. J’ai l’impression d’être ici à la maison.

N’empêche. Elle avait quelque chose, cette chambre. Elle était bien.

En tout cas: elle a été, pour quelques nuits, mienne.

Chambre 301. Salut.

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